L’un des Canard PC du mois d’octobre contenait un article ma foi fort intéressant, consacré au renouveau des jeux de cartes à collectionner (JCC) virtuels, sur PC. Il faut dire que, en y réfléchissant, il y a pas mal de bons JCC sur nos machines depuis quelques temps, et je n’échappe pas à cette « mode ». Petite présentation du genre, afin de partager un peu ma passion pour le carton, fût-il composé de pixels.

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Je n’aurais pas l’outrecuidance d’essayer de vous refaire le dossier de CPC, ne vous méprenez pas. Pour le découvrir, il faudra vous dégoter le numéro 284, du 16 octobre. Je vais juste vous présenter très rapidement le genre, en général, puis aborder un peu plus en détails les trois jeux que je pratique régulièrement.

Le genre, donc, est globalement né avec Magic the Gathering (MtG), que la plupart d’entre vous doit connaître, ne serait-ce que de nom. Créé en 1993 par Richard Garfield, ce jeu est devenu une véritable institution et a rapporté des sommes colossales à Wizard of the Coast, son éditeur. Wizard a notamment fini par racheter la licence Dungeons & Dragons, symbole s’il en est…

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Bref, dans MtG, vous incarnez un mage s’opposant par sorts interposés à d’autres mages, dans des duels acharnés. Vos sorts comportent des invocations de créatures, qui viennent vous aider sur le champ de bataille, ainsi que d’autres incantations plus « subtiles » (boules de feu, contre-sorts, etc.). Le but du jeu est, schématiquement, de « tuer » l’adversaire, la plupart du temps en réduisant ses points de vie à zéro. Pour cela, il vous faudra constituer votre « deck » (votre jeu) en piochant parmi les cartes issues des cinq grandes « couleurs », correspondant à cinq archétypes majeurs (le noir pour la mort, le blanc pour la vie, le rouge pour la magie du feu, le bleu pour l’eau, le vert pour la nature).

Cela n’est bien entendu qu’un résumé, très… résumé. L’intérêt de Magic, ce sont ses règles « faciles à apprendre mais difficiles à maîtriser », d’une complexité grandissante au fil des ajouts de règles des différentes extensions qui ont émaillé très régulièrement la vie du jeu sur table, depuis vingt ans. Vous l’aurez compris, j’ai eu ma part de sessions acharnées de MtG, principalement au lycée, mais aussi par la suite. Je ne crache d’ailleurs pas, aujourd’hui, sur une petite partie de temps à autres, à l’occasion.

Revenons au sujet : les JCC certes, mais sur ordinateur. À tout seigneur, tout honneur : commençons avec Magic ! L’ancêtre a connu différentes incarnations en jeu vidéo, la plupart peu convaincantes, jusqu’à ce que débarque Magic the Gathering: Duels of the Planewalkers (DotP). Alors, oui, les puristes le regretteront tous, DotP est une version incroyablement castrée de MtG. D’un autre côté, c’est une « sous-version réussie, jouable et assez équilibrée, ce que les anciens jeux plus libres n’avaient jamais réussi à être, à mon avis. Malgré l’impossibilité de se créer son propre deck, oui.

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La dernière édition, DotP 2014, a ajouté une dimension intéressante, le mode « paquet scellé », qui permet enfin de créer un deck de toutes pièces, mais dans un format très délimité, parmi une pré-sélection de cartes assez malingre. Le plus gros écueil, et c’est emblématique de la série DotP, c’est que tout se monnaie : passés les deux premiers emplacements de decks disponibles avec le jeu de base, il faut passer à la caisse pour créer de nouveaux decks (et bénéficier d’une nouvelle série de cartes « piochées » aléatoirement en début de campagne). C’est cher, trop cher.

Duels of the Planeswalker restitue bien la tension et l’intérêt des parties de MtG sur table. Cependant, son modèle économique que je qualifierais de « nauséabond », ainsi que la complexité inhérente au jeu d’origine, le réservent à mon sens aux fans de Magic.

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Autre jeu que j’aborderai dans ce texte : Scrolls, l’OVNI indépendant, par le créateur de Minecraft. Le jeu est payant, dispose d’un boutique en ligne mais permet, en théorie, d’acheter pratiquement tout en argent gagné en jeu. Je dis « en théorie » car, en pratique, c’est tellement long et fastidieux, de ce que j’ai pu en voir, que les sommes demandées me semblent assez faramineuses au regard du temps de « farming » nécessaire.

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Scrolls a pour lui l’originalité des mécanismes, qui demandent beaucoup de stratégie. En effet, son système de ressources nécessite de sacrifier des cartes pour obtenir de quoi en invoquer d’autres, il faut donc faire des choix drastiques. Ensuite, les créatures doivent prendre place sur une sorte « d’échiquier », imposant là encore de gérer une dimension habituellement absente des JCC. Très intéressant.

La contrepartie, c’est que Scrolls est, à mon avis, assez difficile à comprendre et encore plus à maîtriser. Je suis, pour ma part, très loin d’y être parvenu. Par contre, si le premier contact avec le jeu s’avère extrêmement rugueux, et les premières parties online plutôt décourageantes, je suis certain d’y revenir un de ces jours. D’autant que le jeu est en bêta, il évoluera donc dans les années qui viennent. Espérons en bien.

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Dernier jeu de ma petite sélection, également le dernier-né : Hearthstone, de Blizzard. Les créateurs de Warcraft, Diablo et Starcraft, nous ont fait un jeu Blizzard typique : extrêmement bien conçu, en bêta et pourtant déjà rutilant et efficace.

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Hearthstone est bien plus aisé à comprendre que Scrolls, c’est certain. Il a aussi pour lui d’être gratuit, jusqu’à un certain point. On démarre avec la possibilité de débloquer tous les « decks » de base, plus de quoi gagner un peu de monnaie virtuelle, régulièrement. l’argent réel sert « juste » à gagner du temps. Du free to play classique, en somme.

Cependant, n’imaginez pas pour autant un jeu au rabais : Hearthstone est intéressant et tout de même assez complexe pour susciter l’intérêt, même des « experts ». Il est également très sympa car ses parties sont très courtes (15 minutes maximum, de ce que j’ai vu). À côté, Scrolls ou Duels of the Planeswalkers ont un rythme beaucoup plus lent. Il faut en être averti…

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Je n’essaierai pas de « classer » ces trois jeux, d’autant qu’ils ne partagent finalement que le fait d’utiliser des cartes dans leurs mécanismes. Ils ne s’adressent pas du tout aux mêmes publics : DotP vise les fans de Magic, Scrolls les curieux portés sur les mécaniques complexes, Hearthstone les pressés qui aiment l’univers farfelu de Warcraft. Notez que ces trois profils peuvent malgré tout très bien être réunis au sein d’une seule et même personne, j’en suis la preuve vivante.

Pour finir, je vais citer quelques autres jeux de cartes à collectionner (ou proches du genre) qui me semblent intéressants : Might & Magic: Duels of Champions, que je ne connais pas encore ; Ironclads Tactics, qui paraît original et amusant (mais n’est pas à proprement parler « à collectionner », si j’ai bien suivi) ; Legends of Norrath, le JCC lié aux MMORPG Everquest qui, de mémoire, n’était pas mauvais du tout (en plus on gagnait des récompenses dans les MMO…). Il y en a certainement bien d’autres, je gage également que l’avenir nous en apportera beaucoup plus, surtout si le genre se (re)met à plaire aux « masses ». Cela ne sera pas pour me déplaire, assurément.