2015 aura été une année difficile, pour le moins. Pour l’ensemble des français, ce fut une année d’incrédulité, de tristesse, de peur face à une violence et une barbarie comme nous n’en avions plus connues depuis longtemps. Fruit des années 80, je ne suis pour ma part pas certain d’avoir vraiment déjà vécu quelque chose comme cela. En tout cas, la surmédiatisation est certainement pour beaucoup dans notre rapport à ces événements, et au sentiment de les avoir réellement vécus.

En janvier, nous avons été marqués par l’assassinat, ciblé, de figures artistiques et libertaires que nous connaissions pour la plupart d’entre nous (à défaut, peut-être, de tous les avoir appréciées). Je l’avoue volontiers, je n’ai que peu lu Charlie Hebdo, avant ou après l’attentat. Mais j’aimais beaucoup l’esprit et l’humour du journal satirique, qui parfois allait trop loin pour moi mais qui avait le mérite de sa liberté d’expression. Je ne m’attarderai pas sur toutes les tentatives de récupération, politiques ou commerciales, qui ont suivi ce drame : ce n’est franchement pas le souvenir que j’ai envie d’en conserver. Je me souviens surtout que, ce jour là, un gars comme Georges Wolinski est tombé. Un auteur dont les dessins était un peu partout chez mes parents, accompagnant toute mon enfance. Je ne sais pas si j’ai jamais vraiment été Charlie, en tout cas je suis sûr d’avoir été, un peu et à ma manière, Wolinski.

Bref, l’année 2015 commençait très mal. Elle s’est également extrêmement mal achevée. Nous le savons tous, le 13 novembre 2015, plusieurs attentats ont ravagé la capitale française, entraînant la mort de plus de cent personnes. Cette fois-ci, les attaques ne ciblaient personne en particulier, elles s’en prenaient à des lieux, à un mode de vie. Les terrasses des cafés, les salles de concert… je ne pense pas encore pouvoir écrire à ce sujet avec le recul nécessaire (je ne l’ai pas fait à chaud, d’ailleurs), je vais donc m’arrêter ici. En tout cas, cet événement m’a, comme tous mes compatriotes je crois, profondément marqué. À titre personnel, c’était d’autant plus particulier que je prenais de nouvelles fonctions à Paris le lundi qui a suivi cette funeste soirée du 13 novembre. Je n’ai fort heureusement pas été touché directement par ces attentats, aucun proche n’ayant été parmi les blessés ou les morts. Je peux tout de même dire que j’ai vraiment ressenti le malaise profond qui régnait sur la ville dans les jours qui ont suivi. Une expérience marquante, là encore.

Je suis quoi qu’il en soit de tout cœur avec celles et ceux qui ont perdu un membre de leur famille, un ami ou même une connaissance dans ces horribles attentats. Je ne peux qu’imaginer quelle douleur est la leur, mais je compatis sincèrement. Je trouve au passage que l’initiative du Monde de mettre en ligne les portraits des victimes et une très bonne chose. Pour se souvenir, autant que faire se peut, que ces personnes étaient des amis, des frères, des filles, des maris… avant d’être des victimes.

Je vais essayer d’être bref sur tout le reste, en lien ou non avec cette recrudescence des attaques terroriste contre notre pays. Malheureusement, la situation politique et sociale n’est pas bien gaie non plus. Pour ceux qui me connaissent, vous vous doutez de ce que je peux penser de l’état d’urgence, du TAFTA, du marasme de l’emploi, de la loi Renseignement, de la montée du FN, etc. Disons que si je n’étais pas aussi fan du genre « post-apo », cette ambiance de fin du monde pourrait me faire un peu peur… à moins qu’il ne s’agisse de pas en avant vers un monde cyberpunk ? Las !

La vérité est peut-être pire encore : je n’ai pas pris le temps de m’en tracasser plus que cela. C’est triste, mais je me rends compte que, entre un boulot et un autre, un appart’ et un autre, un train et un métro, ma vie d’adulte actif ne me laisse plus le temps de m’indigner ou même de me poser des questions comme il y a quelques années. Attention, je ne dis pas que ce n’est pas moi qui suis responsable, ou que je ne m’énerve plus très régulièrement contre telle ou telle chose, ou que je deviens un membre du troupeau… je suis juste devenu plus triste, plus terne, moins combattif.

Bordel, reviens Peter Pan, j’ai besoin de conseils ! Car je le place là, le nœud du problème : cette énergie de l’enfance, cette capacité à s’émerveiller, cette curiosité qui pousse vers l’avant… elles sont là, enfouies sous des strates de factures à payer, de responsabilités à prendre et de choix de carrière à effectuer. Je ne sais pas si j’y parviendrai, mais je compte bien commencer à déterrer un peu tout ça, avant que tout ne soit fossilisé ! Je crois sincèrement que nous avons tous grand besoin de retrouver un peu d’innocence et de joie dans nos vies grises et tristes. Une partie de la réponse se trouve peut-être dans les thématiques de ce blog : le jeu vidéo (à venir, une petite revue de mes « games of the year 2015 » et des titres que j’attends de pieds ferme en 2016), le cinéma (avec notamment ce nouveau Star Wars qui, ô surprise, n’était pas une déception) et tout le reste. Des passions, de la pop-culture pour combattre la morosité et l’obscurité ? Pourquoi pas !

Allez, après cette séance introspective assez inhabituelle en ces lieux (je n’en ferai pas une habitude, promis), il me reste à vous souhaiter une très bonne année 2016. Puisse-t-elle être meilleure que celle qui vient de s’achever…